EKHI, PARIS
Ekhi Busquet, designer & directrice artistique, nous ouvre les portes de son studio parisien, un cocon de 22m2 optimisé à 100%, mêlant charme de l'ancien et couleurs pop, et nous emmène avec elle dans ses adresses de quartier favorites.
Photos par Jeanne Perrotte
Je suis Directrice Artistique indépendante, j’ai 37 ans.
Il y a 7 ans, j’ai pris les manettes de mon propre studio de design global, depuis je ne suis que joie. Je vis et je travaille entre Paris et Marseille. Ma famille est composée de mon conjoint Matthieu Vergote et de notre bébé Kaïs qui s‘apprête à fêter sa 1ère bougie.
Je dessine pour des grands groupes tout en menant plusieurs projets par an d’expérimentation de la transformation par le beau avec des petites TPE françaises, j’en fait des collections de design.
Je célèbre régulièrement la vie avec une crêpe au sucre roux, je passe trop souvent à côté de ce qu’on appelle communément « le second degré » et la radicalité ne m’inspire plus de respect.
Il est à l’équilibre ! J’évolue à 50-50 entre 2 villes qui se complètent à merveille. C’est le jeu du grand écart permanent. J’ai été élevée dans le goût du mouvement, cette dualité quotidienne rassasie mon besoin de renouvèlement. Paris m’a accueillie pour mes études à l’Ecole Boulle et a rendu possible mon émancipation bien au-delà de ce que mon imaginaire avait modélisé. Je dois beaucoup à cette ville et à ceux qui la peuplent. Marseille, me garde au contact du métissage culturel, de classes sociales hétérogènes et d’une culture méditerranéenne dont je suis originaire. Et aussi un peu d’un joyeux bordel, il faut bien se l’avouer ! C’est le meilleur des deux Mondes. Je remercie régulièrement le Cosmos, je ne prête allégeance qu’à lui.
D’abord, le sentiment de l’avoir volé au destin !
Il est la résultante d’un process qui n’aurait pas dû aboutir.
A Marseille, nous habitons dans le très populaire quartier de la Plaine du 1er arrondissement que je chéris.
Pour les Parisiens, c’est l’équivalent de Strasbourg Saint Denis. Alors côté Paris, j’espérais expérimenter un autre Monde. Tout s’est joué à la rencontre avec un agent immobilier (merci Pierre), il a rendu l’équation possible dans le quartier du Marais.
J’aime la cheminée sculptée par l’ancien propriétaire qui était un artiste, les poutres marrons que nous n’avons pas repeintes et les tommettes au sol. J’adore ces détails rustiques en place depuis 200 ans, qui nous survivront !
Je lorgne depuis mon dernier voyage au Portugal sur le service en choux de Bordallo Pinheiro. Il n’est pas à exclure que je prenne aussi le gros poivron rouge. Je n’ai qu’une hâte mais en attendant ne dit-on pas que « l’attente d’un plaisir est déjà un plaisir » !
J’arrive généralement par le train de la veille pour démarrer le lendemain par un petit déjeuner pro. C’est un temps de rencontre avec des gens qui me sont recommandés. Je donne RDV dans des brasseries d’hôtels ou des troquets qui ouvrent de bonne heure. J’enchaîne par plusieurs calls d’alignement avec mes clients, à peu près toutes les 40 min un client différent m’appelle. Entre 2 calls, je dessine.
Ce sera depuis mon appartement, depuis leurs locaux ou depuis des coffee shop. Je fais en fonction du lieu de mon dernier RDV. Puis je déjeune en 40 min dans des cafés où chez mes clients (j’ai une passion pour les réfectoires d’entreprises). Le temps que l’on me serve, me permet de gérer les sujets d’ordres personnels, me coordonner avec mon conjoint, traiter les imprévus, les courses en ligne, passer un coup de fil à mon père, etc. Puis, je saute dans le métro attraper mon train du retour, le temps de ce trajet je gère mes réseaux sociaux et je réponds aux messages. J’adore le train de 14:37 qui me permet de faire la sortie de crèche à Marseille située au pied de la gare et que j’ai choisie en conséquence.
Pendant les 3H de train, je suis en contact régulier avec les équipes d’indépendants que j’orchestre, environ 6 personnes. On fait tout via Whatsapp ou Teams selon la qualité du réseau. Je dessine à mon tour quand ils n’ont plus besoin de moi. J’arrive, il est 18:00 nous sommes désormais dédié à notre bébé. Je ferme boutique jusqu’au lendemain 07:00.
La 1ère collab Maison du Monde ou Monoprix 100% Made in Europe ! Il est l’heure de proposer de nouveaux modèles, l’heure de reboiser les imaginaires et ce même si la copie est imparfaite. Il faut oser proposer les premières tentatives de relocalisation et pour faire passer ces idées, de la marge à la norme et je crois à ces deux gros acteurs de l’art de vivre en France pour porter ce défi.
White café, on y sirote de délicieux latte dans un décor de 2050. C’est un incontournable de la rue de Turenne où j’adore attraper un café en passant. C’est la preuve que des palais peuvent faire 4m2 !
La Galerie Michel Rein, lumineuse avec sa verrière, au calme côté cours avec des sélections régulièrement renouvelées. Elle se cache derrière une porte cochère.
Chez Carette Une institution du service à la françaises. J’y vais autant pour savourer un bon bœuf bourguignon qu’une crêpe suzette flambée (on ne se refait pas). Le personnel est toujours très accueillant, ils maintiennent l’âme du lieu.
Des journées parfois loufoques où je réalise que j’ai dessiné simultanément : des parasols « nichon » pour une collaboration les Seins Tropez x Matthieu Vergote, une boutique en champignons bleus recyclés pour un grand groupe et que j’ai terminé par un live sur Insta devant 1000 personnes (en pyjama) avec la fabuleuse Carole Tolila ! Je serai bien en peine de synthétiser tout ça à ma grand-mère !
Je signe cet été une collaboration avec Plum Living, on vous emmène au soleil ! Puis, je viens de dévoiler il y a peu ma dernière collection en auto-édition Les Eternelles , qui aborde le sujet des bio-matériaux avec l’épineuse question du recyclage sur la fin de leur cycle de vie.
Enfin, sera dévoilée à la fin du printemps ma collaboration made in France avec Romy Bret, (tisseuse d’artisanat d’exception) autour d’une tenture murale « Calypso » dessinée par nos 4 mains.