Château Malromé
Soeurs et entrepreneuses dans l'âme, Amélie et Mélanie Huynh vivent à Paris et s’appliquent depuis plusieurs années à transformer le Château Malromé en lieu de vie chaleureux, tout en conservant son patrimoine et respectant ses racines. Rencontre et visite guidée.
Amélie Huynh :
Je suis femme entrepreneure, c’est un atavisme familial visiblement. J’ai été formée au Marketing des Industries du Luxe, j’étais déjà alors passionnée de joaillerie, j’ai intégré une grande maison de la Place Vendôme durant 8 ans. En 2011, j’ai créé ÆRA NOVA une agence spécialisée dans la création de produits de joaillerie, parfumerie et cosmétiques français également destinés au marché asiatique.
Après quelques années à faire rayonner le savoir-faire français là-bas, j’ai eu envie de m’adresser au marché occidental également. Avec Statement pour commencer, un projet très personnel puisque ma passion pour la joaillerie m’a rattrapée, ma marque de bijoux en argent & diamant a donc vu le jour fin 2018 ; puis avec un projet de parfums - ils ont baigné toute mon enfance - en relançant la Maison de Parfums D’ORSAY en 2019... Quant à Malromé, c’est un projet commun et familial mené avec ma sœur Mélanie, notre famille en a fait l’acquisition en 2013 et rouvert en 2017 après 3 premières années de rénovation. Je précise « premières années », car elles se poursuivent encore.
Mélanie Huynh :
Je suis femme entrepreneure également, comme le disait Amélie : c’est de famille ! J’ai été attirée très jeune par la mode, j’ai suivi des études de stylisme qui m’ont menée vers l’atelier artisanal de la Maison Martin Margiela ; puis des études dans le Marketing et la Communication dans la mode, à partir desquelles j’ai travaillé chez des agents de photographes, des magazines de mode, dont Vogue France pendant 8 ans comme rédactrice mode.
Aujourd’hui je suis à la fois consultante mode pour des magazines ou créateurs et fondatrice de ma marque de synergie nutri- cosmétique Holidermie lancée en 2019. Mon métier m’avait permis de rencontrer les plus grands spécialistes, médecins, naturopathes, j’ai eu envie de partager mon expérience en créant un rituel beauté global pour les femmes actives : une approche de la beauté sous un prisme holistique, associant soins topiques et compléments alimentaires, yoga du visage, alimentation et bien-être.
Nous sommes donc Amélie et moi-même plutôt « très occupées », le projet du Château Malromé est une occasion supplémentaire de passer du temps ensemble, c’est énormément de travail mais nous y prenons un plaisir fou !
Mélanie Huynh :
Notre père est chinois du Cambodge, il est arrivé étudiant en France et y a rencontré notre mère. C’était un passionné de France, de l’art de vivre à la française. Entrepreneur et visionnaire, il a eu l’idée de commercialiser des produits français en Asie et cela a plutôt bien fonctionné. Avoir un Château dans le Bordelais, c’était son rêve, son image d’Epinal à lui. Alors nous nous sommes mises en recherche, il avait néanmoins un critère précis en tête : le Château rêvé devait être viticole.
Amélie Huynh :
Comme vous le savez, il y a pléthore de châteaux dans le Bordelais. Après presque une année de recherche, notre bonne étoile a mis Malromé sur notre chemin. Nous disons souvent que c’était un peu le Château de la belle au bois dormant, sauf que notre princesse fut Henri de Toulouse-Lautrec ! Car nous n’avions aucune idée qu’il avait vécu là avec sa mère Adèle quand nous l’avons trouvé. Le Château avait souffert du temps, on pouvait passer à travers le sol de l’aile Est, les ailes Nord et Sud étaient assez vétustes, seule l’aile Ouest dans laquelle se trouvait les appartements historique d’Henri de Toulouse-Lautrec était relativement préservée.
Amélie Huynh:
C’est un projet en évolution permanente, tout ne peut pas se faire en un jour d’autant que nous tenions à respecter le patrimoine du Château, à travailler avec des artisans locaux et des meilleurs ouvriers de France. Nous ne voulions pas un pastiche de Château mais bien rendre à Malromé sa superbe pour pouvoir le rouvrir au public, tout en faisant un domaine de famille dans lequel nous pourrions venir ensemble avec nos enfants.
Mélanie Huynh :
Nous avons effectivement pensé au grand public d’abord puisque 4 ans après la ré-ouverture du Château, c’est seulement maintenant que s’achève la rénovation des parties privatives, les nôtres lorsque nous y venons en famille et celles des participantes des séjours bien-être que nous organisons désormais.
Amélie Huynh : Vous connaissez l’expression « la cerise sur le gâteau », pour nous cela a été « le peintre sur le Château » ! Nous avons découvert Malromé au milieu des arbres, c’est vrai qu’il ressemblait au Château de la belle au bois dormant, avec ses petites tours rondes, perdu au milieu des arbres, ravagé par le temps. On nous explique alors qu’Henri y vivait, y passait tous ses étés, y avait installé son atelier d’été. Nous sommes passionnées d’art contemporain, Henri de Toulouse-Lautrec a changé la donne et initié un nouveau courant, sa passion pour l’Asie était un signe supplémentaire. Nous avions trouvé ce que nous cherchions.
Mélanie Huynh : La première année a été particulièrement « roots », autant dire que les bottes en plastiques étaient obligatoires. Nous dormions dans des chambres minuscules directement sorties des années 70. Nous nous sommes demandées quelque fois dans quoi nous nous étions embarquées, nous savions que ce serait beaucoup de travail mais ce fut encore bien au-dessus de ce que nous avions imaginé. Nous avons heureusement su bien nous entourer et avons rencontré des personnes extraordinaires.
Mélanie Huynh : Avec la décoratrice Jennifer Brun, nous avons repensé toutes les chambres et espaces à vivre ainsi que les restaurant
« Les Abeilles » et « La Table du Château ». Difficile de choisir lorsque l’on a mis autant de cœur et d’énergie dans chaque espace. J’ai également une affection toute particulière pour le Shala (dans lequel on pratique méditation et yoga) qui se trouve dans l’aile Est, il est décoré avec des drapeaux de prières du bhoutan, des bouddhas, des objets de purification d’Étoile Nomade. Que ce soit durant les séjours bien-être organisé avec Holidermie ou lorsque je suis au Château de façon privée, j’aime m’y connecter aux énergie du lieu.
Amélie Huynh : Malromé était la demeure familiale d’Henri de Toulouse-Lautrec, nous l’avons repensé comme un lieu dans lequel il fait bon vivre, pour donner à chacun le sentiment d’y être chez soi, d’y passer une journée apaisée. Je me réveille dans ma chambre préférée - la Chambre Louise -, je m’installe pour petit déjeuner sous les platanes, j’aime déjeuner dans les vignes sur les coteaux d’Adèle (notre parcelle la plus ancienne), j’aime aussi lire près du feu dans le salon repensé par Jennifer Brun.
Amélie Hunyh : Le projet du Château se nourrit en réalité avec le temps, on ne peut pas faire apparaitre les choses miraculeusement. Il faut que cela fasse sens, que ce soit possible, que cela plaise aux visiteurs. Nous avons tout de suite souhaité présenter à nouveau les appartements d’Henri de Toulouse-Lautrec en visite guidée et relancer l’activité viticole. Notre vigne avait souffert, il a fallu s’en occuper, replanter des plants, en enlever une partie, revoir intégralement le chai technique, rénover les chai historique pour proposer des crus dignes de grands bordeaux.
Nous arrivons après 4 années à notre objectif, proposer une expérience à 360° qui associe culture et art de vivre, on vient au Château pour y passer la journée, faire une visite des chais et des appartement en matinée, bientôt y déjeuner, se promener dans le domaine et la forêt, y dîner, s’offrir un souvenir dans la boutique.
Mélanie Huynh : Certaines choses n’étaient pas prévues au départ, c’est cela la magie de l’aventure Malromé. Ma marque Holidermie est née sur les marches du Château, en discutant avec un ami médecin et expert de l’esthétique de mon envie de proposer une solution globale de beauté pour les femmes actives et urbaines. Nous regardions les vignes, les polyphénols de raisin étaient sous mes yeux, ils font partie intégrante du complexe Holiderm® qui se trouve dans nos soins et compléments alimentaires. De même au départ, nous ne pouvions organiser des retraites bien-être, il fallait pouvoir accueillir les participantes, leur proposer quelque chose d’unique justement, associant Healthy Food, Culture, Yoga et soins. L’art de vivre de Malromé est basé sur le bien-être, quand on y pense cela fait tellement sens avec son histoire, Henri venait s’y reposer, y récupérer, s’y inspirer.
Amélie Hunyh : Ils sont encore nombreux ! Notre vigne est déjà certifiée Haute Valeur Environnementale niveau 3 (la plus haute certification), nous aurons terminé sa transformation en vigne 100% biologique en 2023. L’année 2021 voit déjà naitre de nouveaux crus très prometteurs. Nous poursuivons nos actions éco-responsables, l’eau est en réseau circulaire, nous recyclons nos déchets et utilisons le moins possible de plastique. Il y a aussi notre potager en permaculture qui est en train de sortir de terre. Enfin deux restaurants ouvrent en mai 2021 : Les Abeilles (du déjeuner à l’apéritif ) et la Table du Château (avec des dîners gastronomiques). Sébastien Piniello, notre chef résident au Château, utilise toutes les parties des fruits et légumes qu’il cuisine, il privilégie le cru ou utilise une méthode de cuisson qui conserve tous les nutriments et permet au corps de bien les assimiler.
Mélanie Hunyh : Nous finissons de mettre en harmonie le Château, entre culture, nature et gastronomie. L’ouverture des deux restaurants constitue une grande étape, on y privilégie le végétal et les ingrédients locaux sans pour autant oublier ceux qui apprécient la viande et le poisson -. C’était important pour nous de permettre aux visiteurs de passer la journée. On pourra ainsi emporter son panier pique-nique des Abeilles pour aller « butiner » dans le domaine ou la forêt ! Enfin des séjours bien- être sont prévus très régulièrement avec des professeurs de yoga, des naturopathes incroyables. La rénovation des chambres est terminée désormais, le Château Malromé est devenu un vrai cocon dans lequel on vient de se ressourcer. On pourrait penser que l’on a fait la plus grande partie du projet, mais maintenant il s’agit de faire rayonner le Château au quotidien.