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célia bruneau

Chaque artiste a son propre outil d’expression. Pour Célia Bruneau, il s’agit du fil. Styliste de formation, cette artiste basée à Paris crée aujourd’hui des tableaux de broderie. Comme le prolongement de ses doigts, son aiguille perce la toile pour y révéler des paysages apaisants et colorés, des estampes japonaises revisitées. Suivez le fil, on vous emmène dans son atelier lumineux du Vème arrondissement. 

Photos et interview par Mylène Comte

Dis-nous tout sur toi !

Je m’appelle Célia, je suis brodeuse et styliste. Après un bac Histoire de l’Art et mon diplôme de styliste, j’ai collectionné les expériences. La création a toujours fait partie de mon quotidien et j’ai compris il y a trois ans que je voulais en faire le centre de ma vie. Je souhaitais me sentir libre. Alors j’ai quitté mon travail dans la mode, puis quelques mois plus tard mon appartement pour partir en tour du monde. M’évanouir un moment et revenir. Ce voyage a débuté en janvier 2020 et presque rien ne s’est déroulé comme prévu. Tout cela n’a été que pour le meilleur !
Les résidences artistiques que je devais faire ont été annulées à cause du confinement, j’ai donc décidé de faire ma propre résidence créative, de m’investir dans de nouveaux projets et de travailler dans l’inconnu. Je suis rentrée en France depuis et je prends toute cette période comme une réelle chance, celle d’avoir le temps. Le temps de travailler et de construire à nouveau dans un monde qui semble parfois suspendu.

Parles-nous de ce lieu de création, ton atelier qui est aussi ton appartement.

Je partage l’atelier et l’appartement de mon amoureux, qui est artiste lui aussi. C’est un ancien atelier typiquement parisien, très lumineux où se sont suivis des restauratrices d’Art et des peintres. Depuis ce retour de tour du monde je n’ai cessé de bouger, on prend goût au voyage et à l’itinérance ! J’ai séjourné 2 mois en Italie cet hiver et je passe du temps à la campagne pour travailler tout en profitant de la nature, faire du vélo et me baigner au lac. 

Tes inspirations ?

Je m’inspire de tout ce que je vois. De ce que je peux ressentir face à un paysage ou parfois même d’une photographie que j’ai pu capturer de ce lieu. Ce sont une multitude d’images et de souvenirs qui me nourrissent et qui m’emmènent à démultiplier les points de vue, troubler les perspectives et les couleurs.Une envie de représenter, de retransmettre cette émotion, comme une impulsion. 

Ton outil favori ?

Le fil. Il est le matériau que j’utilise depuis toujours, sous toutes ses formes. En broderie, le fil est venu justifier mon trait de crayon, il m’a permis de m’exprimer plus librement, d’assumer mes dessins et d’élargir mes gammes de couleurs. Souvent encore il m’arrive d’avoir une idée précise d’un dessin brodé, sans pouvoir - ou vouloir, l’exprimer sur le papier. 

Ta dernière oeuvre ?

Un paravent fait et brodé à la main. J’avais l’idée de faire des pièces liées à l’ameublement depuis un moment. Au-delà du vêtement ou du cadre que l’on accroche, je souhaitais aller plus loin dans l’application de mes broderies. J’ai commencé par ce paravent. À la campagne, j’ai un voisin, qui est ancien menuisier, il s’appelle Alain. Il a construit sa maison et son atelier lui-même ! Je suis allée le voir pour lui parler de mon envie de fabriquer un paravent en bois et il a tout de suite accepté de m’aider. Quelques mois plus tard, le paravent était monté et brodé.

Ta réalisation la plus précieuse à tes yeux ?

« Pink Moutains » que j’ai créée durant le premier confinement à Los Angeles. Elle est pleine de nouvelles émotions pour moi. Symbolique de mes premiers pas à la gouache et de ma première broderie de ce format-là.

L'artiste qui t'inspire ?

Mes influences sont larges et je me nourris de beaucoup d’images. J’aime le travail de David Hockney, Georgia O’Keeffe, Nicolas de Staël, les estampes japonaises ou bien les chorégraphes comme Martha Graham, Pina Bausch… Mais j’aime surtout découvrir des iconographies d’archives : pierres antiques, illustrations Antiques ou du Moyen-Âge, en Europe comme en Asie, gravures du cosmos…

Ta couleur préférée dans tes créations ?

Le rose. C’est peut-être la couleur qui peut surprendre dans mes paysages, elle est presque partout. Elle évoque pour moi les reflets du soleil sur une montagne, l’eau, un nuage, une ombre… jusqu’au feu où le rose devient rouge. 

Ce que tu écoutes quand tu travailles ?

J’ai une playlist d’environ 69h aujourd’hui qui est un subtil mélange entre Christophe, Bashung, Kourosh Yaghmaei, Baba Stiltz, Lee Hazlewood, Chopin, Antonio Carlos Jobim, Baston et Billy Holliday… Je suis passionnée de musique et j’aime beaucoup découvrir et échanger de nouveaux sons avec mes amis. J’aime aussi beaucoup écouter des vinyles, le fait de plonger dans un album du début à la fin. Sinon les podcasts d’Etienne Klein ou autres sur Radio France.

Ton prochain projet ?

J’aimerais continuer de créer autour de l’objet. Dernièrement je m’essaie aussi à la tapisserie mécanique, c’est déroutant et très différent de mon travail en broderie qui est presque méditatif. J’ai hâte de pouvoir vous montrer.

Ton style vestimentaire à l’atelier ?

Selon mon humeur du matin, pour toujours me sentir à l’aise. Une chemise ou un t-shirt blanc, un jean, un pantalon fluide ou une combinaison.

Et ton style quand tu ne peins pas ?

Mon style reste sensiblement le même, dans un esprit 70’s composé de pièces vintages et de quelques marques, avec une touche garçon manqué.

J’ai quelques looks classiques comme un pantalon Acne Studios bleu marine, une chemise et des mocassins vintage à talons Charles Jourdan. Ou un jean long, des Paraboots, une chemise et un pull Lemaire… J’ai aussi une passion depuis toujours pour les foulards. 

Le soir j’aime bien troquer mon jean pour une jupe, une robe et des sandales.

Les bonnes adresses de ton quartier ?

La pâtisserie du Panthéon rue Saint Jacques pour leurs quiches et leurs éclairs au chocolat, le traiteur grec Karavaki pour leur extrême gentillesse et toutes les saveurs de leur mets, le café de la nouvelle mairie, La Boissonerie, Gilbert Joseph, la librairie San-Francisco Books co et toutes les autres librairies du quartier.

La pièce déco / mode dont tu rêves ?

Un tailleur-pantalon. J’ai grandi avec une admiration débordante pour Yves Saint-Laurent et j’ai toujours rêvé de porter l’un de ses tailleur-pantalon des années 60-70. 

Une allure entre Katherine Hepburn et Diane Keaton.

Ton pire souvenir "modesque" ?

Les défilés de mon école de mode.

Le compte Instagram qui t'inspire ?

@Sophiepinet, journaliste chez AD magazine. 

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