CAMILLE COTTIER
Parfois, les artistes s’attachent à une obsession et l’explorent à travers leur art. Pour Camille Cottier, elle prend forme à travers ses “Bonhommes”. Sous ses traits de pinceaux ou de pastels, tantôt sombres ou tantôt colorés, ils prennent vie et l’observent. Rencontre avec ces personnages fantasmagoriques et leur créatrice, dans son atelier d’Ivry-sur-Seine.
Photos et interview par Mylène Comte
Je m'appelle Camille Cottier, j'ai 30 ans et je suis artiste peintre à Paris.
Mon atelier se trouve à La Fabrique à Ivry-sur-Seine. C’est un endroit très inspirant, complètement dédié aux artistes, il doit y avoir presque 70 ateliers. J’ai été diplômée des Beaux Arts d'Angers en 2013 et je suis actuellement représentée par la galerie Marguerite Milin à Paris. Nous avons différentes actualités en galerie et également en foire. Je travaille sur un sujet depuis 6 ans que j'appelle "Les Bonshommes", sorte de personnages fantasmagoriques. Ils traversent les années avec moi et évoluent selon les périodes de ma vie, se transforment, se décomposent ou ne deviennent que formes et couleurs. Ils sont une sorte d'exutoire. J’ai toujours travaillé autour du corps, des questions d’identité, des déformations possibles d’un même corps. C'est un travail instinctif qui est devenu obsessionnel. Ils se répètent, s'accumulent, nous font face et peut-être nous interrogent. Aujourd’hui ils sont devenus un support pour travailler différents médiums, comme la peinture et le dessin.
Je suis à la Fabrique depuis la rentrée 2021. C’est un endroit génial, l'atelier est assez grand et très lumineux. C’est très agréable d’avoir son propre espace pour peindre tout en étant entourée d’autres artistes. Je peins au sol les grandes toiles donc j’ai besoin de pas mal d’espace. C’est un rapport assez physique finalement, je dois parfois être allongée sur la toile. Je pense que l’atelier d’artiste, l’endroit où l’on crée est très important. Il faut s'y sentir bien, vouloir y passer du temps. Pouvoir y faire des rdv également. C’est un endroit qu’il faut investir, y passer du temps et s’y ennuyer aussi. J'y suis depuis peu mais je suis très contente.
Mes inspirations viennent je pense de beaucoup de stages de modèle vivant quand j’étais petite. Cette obsession du corps, du trait. Après il est difficile de réellement poser le doigt sur mes inspiration, car mon travail est vraiment instinctif. Je pense que je m’inspire au quotidien de ce que je vis, traverse, vois...
Je n'ai pas vraiment d 'outil favori, j'aime autant utiliser le pinceau, la peinture, que les pastels ou l'encre de chine. J'aime également mélanger ces médiums. Je peins et dessine sur papier ou sur toile. J’ai beaucoup de carnets de croquis que j’ai un peu délaissés ces dernières années ! Mais il y a vraiment quelque chose de très personnel dans les carnets.
Je travaille en ce moment sur une série d'œuvres très colorées. Il s’agit de peinture sur papier. C’est un travail précis et plus abstrait surtout basé sur les compositions, les formes et les couleurs.
Je ne sais pas quelle est l'œuvre la plus précieuse à mes yeux, il y a beaucoup de séries différentes dans ce même thème des bonshommes. Chaque œuvre raconte quelque chose de personnel. Mais je ne m’attache pas tellement aux œuvres que je crée. Les faire me fait du bien après c’est comme si elle ne m’appartenait plus. J’aime les imaginer exister quelque part.
Plusieurs artistes m'inspirent, comme Marlene Dumas, Louise Bourgeois, Giacometti, Baselitz, Thomas Houseago, Annette Messager…
Je n'ai pas une seule couleur préférée, ce qui me plait et m’intéresse sont les associations de couleurs qui se répondent toujours de façons différentes.
Pour travailler j'écoute en général des podcasts comme «Où est le beau ? », « Remède à la mélancolie », « Femmes puissantes » et « Affaires sensibles ». En musique, c’est vraiment très varié : du rap jusqu’aux vieux chanteurs français.
Je prépare une exposition avec la galerie Marguerite Milin. Nous avons envie de quelque chose de très coloré, énergisant et positif. Je prépare également plusieurs collaborations avec des marques. Notamment une collection pour le printemps avec mon amie Élise Chalmin. Je trouve cela génial de pouvoir collaborer entre créateurs !
À l’atelier, je suis en jogging tout plein de peinture ! Il faut surtout quelque chose de très confortable.
Je vis à Arts et métiers, j’ai la chance d'avoir beaucoup de bonnes adresses et de bons produits pour cuisiner en ce moment où tous les resto sont fermés ! Pour faire mes courses « Myiam » (des petits producteurs trop biens) et « La récolte », rue Beaubourg, leurs produits sont vraiment très très bons. J’aime beaucoup les cafés et cookies matcha de chez Bobs kitchen rue des gravilliers le matin. « Le chef thaï » est délicieux aussi dans la même rue ! Je le recommande à emporter en ce moment !