arnold d'alger
graphiste en quête de renouveau et amoureux de la matière, arnold a créé il y a 2 ans maintenant son BAZAR D'ALGER, où se mêlent décor sur porcelaine et peinture sur soie, reflets de ses inspirations et de sa sensibilité.
Photos et interview par Mylène Comte
Arnold, dis-nous tout sur toi !
Je m’appelle Arnold d’Alger, je suis graphiste de formation et j’ai lancé le bazar d’alger en décembre 2019. Attention cliché, « Arnold en avait marre de l’écran et avait besoin d’un retour à la matière ». On le lit beaucoup en ce moment mais c’est aussi simple que ça. Alors il y a deux ans je me suis inscrit à des cours de décor sur porcelaine et de peinture sur soie via Paris Ateliers et j’ai aussi fait un an de poterie chez Sandrine de Poterie et compagnie à côté de chez moi. La totale. C’est pour ces ateliers de décor sur porcelaine qu’il m’était demandé d’apporter ma propre vaisselle pour travailler, alors au lieu d’en acheter de la neuve j’ai préféré aller sur leboncoin. Un accès direct aux placards des particuliers et à de la bonne vieille vaisselle de grand-mère qui ne demandait qu’à retrouver une place à table. Et bam le bazar d’alger était né.
Parles-nous de ce lieu de création, ton atelier.
C’est dans cet appartement que nous vivons avec Bruno, mon copain, et que nous recevons ou travaillons. Cela fait maintenant 2 ans que nous y sommes, et c’est un peu à cause du bazar d’alger. Comme tu as pu le voir, le four à céramique se trouve dans l’entrée. C’est un cadeau d’Isabelle, une amie de ma mère, qui voyant que je m’étais mis au décor sur céramique m’a offert un des siens, comme une bonne étoile, et un énorme coup de pouce. Nous sommes allés le chercher en camionnette dans le Vaucluse et en revenant à mon appartement de l’époque, je me suis simplement rendu compte que ça ne rentrerait pas dans l’appart. Petit problème d’accumulation. Du coup, on a lâché nos appartements respectifs et c’est le premier qu’on a visité juste avant de partir en vacances. C’est ce qu’on appelle un alignement des astres. C’est donc ici que je travaille le décor sur la vaisselle que je chine ou directement sur celle de mes clients, que je crée des décors sur faïence, ou que je peins sur soie.
Tes inspirations ?
Le végétal a une place importante dans notre intérieur, c’est un sujet que j’aime bien traiter, vous pouvez le voir entre autres avec le motif feuille d’or sur des assiettes ou sur des carreaux de faïence rose poudré. Mais pour le bazar d’alger ma source d’inspiration principale vient des histoire que ma clientèle partage avec moi étant donné que je travaille essentiellement sur de la personnalisation. C’est ma matière première, il me revient ensuite de leur proposer des façons de retranscrire leurs secrets. Mon motif alphabet est souvent demandé, ce sont comme les petites pâtes alphabet au fond de l’assiette de notre enfance. Un motif aléatoire que je peins à l'or, en général seuls les destinataires de cette attention arrivent à déchiffrer le message rapidement.
Ton outil favoris ?
Je dirais le pinceau en ce moment. C’est avec lui que j’applique la solution d’or dilué sur chaque pièce de vaisselle ancienne que je décore. C’est aussi lui quand je peins sur la soie tendue sur mon métier ou que j’applique la colle sur mes papiers découpés. Je l’accompagne le plus souvent d’une plume, d’un paquet de crayons et d’une bonne paire de ciseaux.
Ta dernière oeuvre ?
Pour voir les derniers nés il suffit d’ouvrir le four. Autrement je suis assez excité par un prototype de table basse qui est le début d’une collaboration avec Renée Recycle (@reneerecycle) avec qui nous sommes en train de développer une série de mobilier que nous surcyclons en y intégrant des placements de carrelage de faïence décoré. J’ai aussi récemment travaillé sur ces étagères de salles de bain en faïence chinée de-ci de-là, ça vit aussi très bien dans un salon.
Ta réalisation la plus précieuses à tes yeux ?
Il faut dire que j’aime beaucoup ce que je fais depuis que je fais ce que j’aime, mais là vous me demandez de choisir mon enfant préféré, non ? En l'occurrence le bazar d’alger est encore très jeune et c’est sans doute pour ça qu'à chaque fois qu’on me pose cette question, ne me viennent à l’esprit que les choses que je n’ai pas encore faites. Ces choses dont j’imagine que je serai le plus fier que ce soit un nouveau support, une nouvelle collaboration, des dimensions hors normes, un nouveau matériau, une nouvelle utilisation, une hybridation, que sais-je.
L'artiste qui t'inspire ?
Qui sont les muses dont tu parles sur ton site ?
Les muses sont de belles allégories mais l'inspiration ne vient pas toute seule, ce sont des sens aux aguets en permanence et ensuite du travail pour transformer tout ça en quelque chose qui touchera ou pas le public qui voudra bien le regarder. Mais ça, n’importe quel créateur vous le dira. Quand j’étais plus jeune j’écoutais les interviews de gens dont j’aimais le travail en quête de conseils miraculeux, et à mon plus grand malheur, fainéant que je suis, tous ces gens ne parlaient que de travail et de sueur. Maintenant mon plus gros problème c’est que je n’ai que mes deux bras à disposition pour le moment et que ça n’est pas suffisant pour mettre en œuvres toutes les idées que j’empile sur mes listes.
Ce que tu écoutes quand tu travailles ?
France Inter de 7 à 9, en général pas super pour se donner la pêche mais il faut bien savoir dans quel monde on agit. J’enchaîne avec radiooooo.com, l’assurance d’écouter des choses que je ne connais pas encore. Je regarde aussi ce que me propose la rubrique « pour vous » sur mon ordi. Et en général ça oscille entre une crookers mixtape, une passacaglia de Bach à l’orgue, un best of disco, une Room with a view pour me rappeler la dernière scène qui m’a soufflé puis, drame, du dansant, de l’opéra, des tubes toutes époques, de l’ancien, du récent, du folklo, de l’électro, du classique, du jazz, chanté, instru… ça change tout le temps. C’est comme l’inspiration, les sources sont infinies, la musique qui m'accompagne il y en a autant que de sentiments qui me traversent. Alors parfois la musique revient mais tout ce que je vous dis aujourd’hui ne sera sans doute plus valable la semaine prochaine – musicalement parlant, entendons nous bien.
Or ou platine, que préfères-tu et pourquoi ?
L’or, il a un pouvoir incroyable que le platine n’a pas dans l’inconscient collectif. C’est pour ça que je l’ai choisi à la base, il a ce pouvoir de sublimation sur de la vaisselle qui serait autrement laissée à l’abandon.
Ton prochain projet ?
J’ai de la chance, j’en ai quelques-uns en cours dont le lancement de mes initiations au décor sur porcelaine qui débutent dès septembre: 3h à l’atelier en petit groupe, durant lesquelles j’initie aux bon gestes du décor sur porcelaine, on peut soit venir avec sa propre vaisselle soit choisir dans une sélection mise à disposition à l’atelier. J’ai aussi la chance d'avoir une collaboration avec ovo/studio sur un projet de rénovation de guinguette en bord de Seine qui ouvrira au printemps prochain, peindre le fond d’une piscine en Normandie avec ce motif feuille d’or mais géant, et quelques rendez-vous avec des gens dont j’adore le travail et avec qui j'adorerais pouvoir collaborer. Excitation maximale en cette deuxième moitié de 2020.
Ton style vestimentaire à l’atelier ?
Quand je travaille c’est bas de pyjama, chemise ample et toujours un chiffon à portée de main. Quand je reçois de la visite on me verra porter un haut que j’ai peint avec un short ample ou pantalon droit mais toujours pieds nus.
Ce que tu fais quand tu ne peins pas ?
En ce moment je ne fais pas grand chose d’autre, c’est une nouvelle activité à laquelle j’essaie de consacrer le plus de mon temps afin qu’elle fleurisse rapidement. Alors je maintiens les essentiels en place, toujours bien manger, bien boire et bien dormir. Et garder un semblant de vie sociale en voyant des gens qu’on aime.
Les bonnes adresses de ton quartier ?
Vous l’avez compris ça va tourner autour de la table, je vous conseille d’aller goûter régulièrement les petits plat de @ptt chez déviant, c’est toujours un bonheur, rue des Petites Écuries. Même bonheur à chaque passage chez Olive Davoux chez Sur Mer. Dans cette même rue de Lancry, mais au 10 chez Louise Paris. Passez donc voir la fille la plus souriante de la planète dans sa toute nouvelle boutique de sapes et accessoires de luxe de seconde main, principalement pour mesdames. J’aime bien squatter la terrasse de l’hotel Providence qui offre un petit coin calme, à côté duquel se trouve la Villa du lavoir, une petite rue dans laquelle travaille côte à côte des artisans dont j’adore le travail comme le joaillier Karl Mazlo, l’atelier de broderie Baqué Molinié ou les fleurs upcyclées de William Amor complètement incroyable !